Bruxelles, 25 September 2015/ ACP: L'importance des questions abordées dans le programme de développement pour l'après-2015, qui sera adopté lors du Sommet des Nations Unies sur le développement durable prévu du 25 au 27 septembre, ne saurait être trop soulignée.

Pour les 79 États membres du Groupe des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (Groupe ACP), ce programme intègre non seulement la réalité à laquelle sont confrontées des centaines de millions de leurs populations vivant dans la pauvreté, mais prend également en considération les aspirations de ces nations à innover, à s'industrialiser et à réaliser l'autosuffisance énergétique ainsi que le développement économique durable, tout en œuvrant à préserver l'environnement et les ressources naturelles au profit des générations à venir.

Au cours du premier semestre 2014, j'ai eu le plaisir de présider le groupe de travail ad hoc des ambassadeurs sur le programme de développement pour l'après-2015. Notre mandat consistait à travailler en étroite collaboration avec la Commission européenne pour mettre au point une déclaration conjointe ACP-UE relative au cadre de développement pour l'après-2015. Une étape importante a été franchie, lorsqu'à l’issue de nombreuses réunions formelles et informelles avec nos homologues de l'UE, aux niveaux technique et des ambassadeurs, le Conseil des ministres ACP-UE a adopté, en juin dernier, une déclaration conjointe reflétant les vues de 107 pays dans le monde.

Ce document commun souligne les vulnérabilités persistantes et uniques auxquelles sont exposés les pays du Groupe ACP, en particulier les 37 petits États insulaires en développement (PEID), les 40 pays les moins avancés (PMA), les 15 pays enclavés, ainsi que les pays se relevant d’un conflit ou d'une instabilité politique. Bon nombre de pays ont certes accompli d’importants progrès vers la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement, mais d'autres n'ont pas eu la même chance. C'est pour cette raison, et bien d'autres, que le programme de développement pour l’après-2015 devra être ambitieux et transformateur.

Tout comme le Groupe ACP, nous espérons que ce programme visera notamment à promouvoir 1) les conditions de vie minimales et une vie digne pour tous, 2) l'utilisation, la gestion et la conservation durables des ressources naturelles, 4) la bonne gouvernance, l'égalité et l'équité et 5) des sociétés paisibles et stables exemptes de toute violence.

Par ailleurs, les répercussions négatives du changement climatique risquent de compromettre gravement dans l'immédiat et à long terme, les efforts consentis par tous les pays en développement, cette menace étant particulièrement sérieuse pour les PEID, comme en attestent les dégâts subis par le Commonwealth de la Dominique, une petite île des Caraïbes, après le passage, en août dernier, de la tempête tropicale Erika. Dès lors, tout cadre de développement pour l'après-2015 doit prendre en considération la Voie à suivre de Samoa, document issu de la troisième conférence internationale sur les PEID, afin de garantir une attention particulière à la situation des pays les plus vulnérables.

Le programme de développement pour l'après-2015 doit également intégrer les questions liées à la science, à la technologie et à l'innovation, de même que le développement et le transfert de technologies à des conditions mutuellement convenues et le renforcement des capacités.

Je reste convaincu que pour faciliter la mise en œuvre du programme dans les pays en développement, notamment ceux du Groupe ACP, il sera indispensable de mobiliser à leur profit des financements suffisants et prévisibles provenant de diverses sources. A cet égard, il conviendra d'explorer de façon exhaustive des mécanismes de financement, tels que les ressources publiques nationales et internationales, la soutenabilité de la dette, les financements innovants et les flux de financement et d'investissement privés. Étant donné que l'aide publique au développement continuera, à l’évidence, de représenter une importante source de financement pour de nombreux pays ACP, les pays développés doivent honorer leur engagement de consacrer 0,7% de leur revenu national brut (RNB) à l'aide publique au développement.

Dans le même temps, nous devons également être disposés à sortir des sentiers battus en élaborant, à travers des approches non conventionnelles, des stratégies de développement susceptibles de compléter les flux financiers Nord-Sud. A cet égard, la coopération Sud-Sud, qui consiste en un échange de ressources, de connaissances, de technologies et d'expériences entre pays en développement, suscite un intérêt croissant dans les discussions menées à l'échelle mondiale sur la lutte contre la pauvreté et la promotion du développement durable. De même, la coopération triangulaire implique la participation d'une tierce partie, généralement un pays développé, qui accepte de partager ses ressources et son expertise.

Le Groupe ACP espère que le Sommet donnera lieu à un document final satisfaisant et ambitieux, et nous appelons de nos vœux la mise en place d'un partenariat mondial inclusif et efficace à l’appui du programme de développement pour l'après-2015. Ce partenariat s'avère crucial pour permettre à la communauté internationale de prendre en compte de manière cohérente, intégrée et équilibrée les dimensions environnementales, sociales et économiques du développement durable. Nous sommes disposés à œuvrer en coopération avec les parties prenantes concernées aux niveaux national, régional et international, y compris notamment la société civile et le secteur privé, pour faciliter la mise en œuvre du programme de développement pour l'après-2015 en vue d'améliorer les conditions et les moyens d'existence de nos populations.

A propos de l'auteur: Dr Ousmane Sylla est l'ambassadeur de la République de Guinée auprès de l'Union européenne, et ancien ministre des Mines et de la Géologie de son pays. Il a présidé, en 2014, le Comité des ambassadeurs du pays ACP et le groupe de travail ad hoc des ambassadeurs sur le Programme de développement pour l'après-2015.