Addis-Abeba, 22 novembre 2013/ ACP: Réunis à l’occasion de la 34e session de l’Assemblée parlementaire ACP, les législateurs d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique ont évoqué, avec fermeté, l’Etat droit et le rôle du système judiciaire dans les pays ACP, tandis que d’autres parlementaires ont appuyé une déclaration contre les récentes procédures engagées par la Cour pénale internationale des Nations Unies à l’encontre de dirigeants africains en exercice.

Dans son discours d’ouverture de la session plénière ACP, organisée afin de définir une stratégie en vue des réunions conjointes ACP-UE, le Secrétaire général du Groupe ACP a souligné l’importance pour les pays ACP d’avoir des institutions solides et une « bonne culture de gouvernance ».

« La gouvernance et le leadership demeurent les plus grands défis de notre époque. Le Président Obama, lors de sa visite historique en 2009 dans mon pays, le Ghana, a fait une déclaration célèbre dans laquelle il a affirmé que l’Afrique a besoin d’institutions fortes et non d’hommes forts. Nous avons besoin d’institutions efficaces et de gouvernements responsables et attentifs aux besoins de nos populations », a déclaré le Secrétaire général Alhaji Muhammad Mumuni.

Le Président de la commission des Affaires politiques du Parlement de Samoa, M. Lautafi Selafi Purcell, a présenté un projet de résolution ACP-UE sur l’Etat de droit et le rôle d’un système judiciaire impartial et indépendant. Ce texte souligne la nécessité de la séparation des pouvoirs, de structures étatiques robustes et d’institutions d’appui, ainsi que de la lutte contre la corruption. Le projet de résolution comporte également une disposition en faveur de l’action menée par la Cour pénale internationale dans sa lutte contre l’impunité.

Cependant, au cours des discussions, les parlementaires ACP ont exprimé des opinions fortes concernant l’impartialité et l’efficacité de la CPI. Le Président de la Chambre des représentants d’Ethiopie, l’Hon. Abadula Gemeda Dago, a déclaré que ce sujet constitue une « question brûlante d’actualité pour l’Afrique ».

Il a ajouté que « la CPI cible des dirigeants africains élus par le peuple, en violation de la souveraineté nationale et populaire ».

Les préoccupations des parlementaires sont notamment suscitées par les procédures engagées à l’encontre du Président Uhuru Kenyatta et de son adjoint William Ruto, accusés de crimes contre l’humanité pour leurs rôles supposés dans les violences survenues après les élections de 2007, qui ont fait plus de 1100 morts et plus de cinq cent mille déplacés. Les deux dirigeants ont nié ces accusations.

Selon un membre de la délégation ghanéenne, la situation au Kenya est due à « l’absence d’Etat de droit », et « les gens ne sont pas convaincus que les pays africains disposent de systèmes judiciaires solides ».

Un délégué de la République démocratique du Congo, l’Hon. Christophe Lutundula, a indiqué qu’il incombe aux Etats ACP de consolider leurs propres instances juridiques et de gouvernance, afin de faire bonne figure au sein de la communauté internationale.

D’autres intervenants ont réitéré leur soutien à la CPI, tout en exprimant des réserves concernant le traitement de certains dossiers impliquant de hautes personnalités.

L’Honorable Dago a proposé que le Groupe ACP fasse une déclaration pour appuyer les préoccupations exprimées par les chefs d’Etat de l’Union africaine concernant la politisation des inculpations prononcées par la CPI contre des dirigeants africains, tout en soulignant l’importance du processus national d’apaisement et de réconciliation.

Les discussions sur cette question se poursuivront le mercredi 27 novembre.

– Presse ACP