Bruxelles, 10 avril 2015/ ACP: Les fournisseurs ACP de sucre au marché communautaire sont vivement préoccupés par la forte baisse des prix du sucre survenue beaucoup plus tôt que prévu. Ils estiment qu’elle est la conséquence directe de la suppression imminente des quotas de production de sucre de l’UE, à laquelle ils s’étaient vigoureusement opposés.
Les fournisseurs ACP avaient demandé un délai supplémentaire pour permettre à leurs fragiles industries sucrières de mettre intégralement en œuvre le vaste programme de réforme et de restructuration engagé avec les ressources de l’UE. La Confédération des betteraviers européens s’était elle aussi prononcée en faveur de la prorogation du régime des quotas, au moins jusqu’en 2020.
La majorité des Etats ACP fournisseurs de sucre ont paraphé et signé des accords de partenariat économique (APE) en se fondant, entre autres, sur les perspectives à long terme pour le sucre en matière d’accès et de maintien de prix stables et rémunérateurs dans un marché communautaire réglementé. La décision de l’UE de démanteler prématurément les quotas semble donc aller à l’encontre des objectifs visés dans les APE et de la notion de cohérence des politiques européennes pour le développement à laquelle elle est fermement attachée, et qui constitue un aspect fondamental de l’Accord de partenariat de Cotonou.
Le groupe sucre ACP réaffirme que la valeur des préférences prévues dans les accords précités repose sur la combinaison de l’accès garanti et de la stabilité des prix sur le marché communautaire, et qu’elle a longtemps été vitale pour préserver les recettes d’exportations de sucre ACP. Celles-ci permettent, à leur tour, de renforcer la capacité de bon nombre de petites économies vulnérables à importer d’autres produits qui contribuent à assurer leur sécurité alimentaire. Plus important encore, des milliers de petits producteurs ACP restent tributaires des recettes tirées des exportations de sucre. L’importance que revêt ce produit essentiel pour les États signataires des APE et les pays les moins avancés n’a pas été prise en considération dans la plus récente réforme du régime sucrier de l’UE en 2013.
Le groupe sucre ACP s’inquiète par ailleurs du fait que les prix européens seront bientôt alignés plus étroitement sur les cours mondiaux et, selon les propres prévisions de l’UE, s’établiront à des niveaux ôtant quasiment toute valeur aux préférences accordées dans le cadre des APE.
Les décisions de planification et d’investissement dans le secteur de la canne à sucre exigent d’avoir une vue des conditions de marché allant bien au-delà de 2017. Le groupe sucre ACP constate avec préoccupation que plusieurs facteurs étroitement liés pourraient sensiblement compromettre les perspectives d’avenir des fournisseurs ACP de sucre à l’UE.
Le groupe sucre ACP a accueilli avec satisfaction le programme innovant d’appui aux mesures d’accompagnement en faveur des anciens Etats signataires du protocole, que l’UE a initié et financé. Toutefois, d’importantes difficultés de mise en œuvre liées à la gestion et à la lenteur de décaissement des ressources continuent de poser des défis majeurs. Contrairement à ce qui a été généralement affirmé, le programme d’appui est loin d’assurer un «atterrissage en douceur ».
Les États ACP ont toujours mis l’UE en garde contre l’abolition des quotas de production de sucre en 2017, en faisant valoir qu’elle entraînera une baisse substantielle des prix et une forte instabilité du marché de nature à miner gravement les investissements substantiels consentis aux processus d’adaptation et de réformes de leurs industries sucrières. Les fournisseurs ACP sont fermement convaincus qu’ils continueront d’avoir besoin d’un appui supplémentaire pour mener à bien les programmes de réformes indispensables déjà en cours pour pouvoir atteindre un niveau de compétitivité leur permettant de relever les défis du marché.