Le Premier ministre de Somalie, M. Hassan Ali Khayre, a rendu visite aujourd’hui aux ambassadeurs des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique à Bruxelles. Il ressort principalement de son message que la Somalie s’emploie à jeter les bases d’une fondation stable pour rebâtir une nation forte.
La sécurité constitue l’un des principaux piliers de cette fondation. Toutefois, M. Khayre a souligné que la lutte contre le terrorisme avec les seuls moyens militaires n’est pas efficace. Il estime que les facteurs économiques, la mauvaise gouvernance et la corruption constituent un terreau fertile pour le terrorisme en Somalie, et propose dès lors que celui-ci soit combattu à la racine en construisant une économie plus forte fondée sur l'État de droit et la bonne gouvernance. En l’espace d’une année, des progrès considérables ont été enregistrés dans les efforts visant à développer le pays. L’aide reçue de certains pays africains à travers l’Union africaine a également permis de remporter des victoires décisives dans la lutte contre le terrorisme.
Le Premier ministre a indiqué qu’au cours des trente dernières années, la Somalie a pâti d'une mauvaise réputation auprès des créanciers pour n’avoir pas été en mesure de rembourser ses dettes. Cela dit, des mesures sont prises en concertation avec le Président somalien pour corriger cette image. Le pays a accumulé une dette d’environ 5 milliards de dollars sous les régimes au pouvoir dans les années 1970 et 1980. Toutefois, au cours de l’année écoulée, il a mis en place des mesures pour satisfaire les exigences des institutions financières internationales et regagner leur confiance. Il existe aujourd’hui une réelle chance que la Somalie parvienne à apurer ses arriérés au plus tard en juin ou juillet 2018 afin de bénéficier à plus long terme d’un allègement de la dette.
Ces mesures devraient contribuer à préparer le terrain pour le retour des investisseurs. Le Premier ministre a souligné que son pays ne sollicite pas des aumônes, expliquant qu’il ne se considère pas pauvre. Bien au contraire, la Somalie possède l’un des littoraux les plus longs d’Afrique, regorge de réserves de gaz et de pétrole, bénéficie d'une situation géographique stratégique, abrite une petite communauté d’affaires dynamique, et offre un potentiel considérable de croissance, la question est donc de savoir « qui est disposé à faire des affaires avec nous» a-t-il déclaré.
Par ailleurs, le Premier ministre somalien a reconnu que pour développer la confiance qui permettra d’attirer les investissements, il est indispensable de mettre en place des politiques appropriées. Pour ce faire, la première étape consistera à réviser la constitution du pays afin de l’adapter aux besoins de tous les somaliens. Ensuite, un nouveau système politique sera adopté pour le partage du pouvoir mais aussi des recettes avec les États membres au niveau fédéral. L’objectif est d’instaurer à l’horizon 2020 un nouveau modèle électoral, qui remettra le pouvoir entre les mains du peuple, notamment sa frange jeune. Il sa sans dire que l’épanouissement des parties politiques sera également encouragé.
En conclusion, le Premier ministre a exhorté les États membres ACP et le reste du monde à voir la Somalie, non pas à travers l’image qu’elle a renvoyée au cours de ces 30 dernières années, mais pour ce à quoi elle aspire aujourd’hui.
Enfin, s’agissant des négociations prévues entre le Groupe ACP et l’Union européenne, il a souligné que le Groupe devrait les entamer en position de force. Le partenariat repose sur la confiance, les intérêts et la responsabilité mutuels, d’où la nécessité de faire en sorte que les règles s’appliquent de façon équitable aux deux parties. Le Premier ministre Ali Khayre a déclaré que le principe directeur qui doit guider les négociations est celui selon lequel « Il nous appartient de forger la destinée et l’avenir de nos enfants ».