NEW YORK (IDN) – Dans son allocution de clôture, le 19 juillet 2019, du segment ministériel du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, S. E. Mme Inga Rhonda King, Présidente du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), a déclaré que cette session avait contribué de manière déterminante à faire progresser la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Elle a toutefois a invité instamment les gouvernements à se « réinventer » et à faire preuve de plus de souplesse pour trouver « les moyens d’associer les plus pauvres et les plus démunis à la prise de décisions ayant des répercussions sur leur vie ».
L’un des besoins fondamentaux des plus pauvres et des plus vulnérables, en particulier dans les PEID, est la sécurité alimentaire et la nutrition. Cette question était au centre de l’événement de haut niveau organisé conjointement le 15 juillet, en marge du Forum, par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et la Mission permanente de la République de Palau auprès de l’ONU à New York. L’évènement s’est tenu sur le thème « Accélérer les progrès vers la réalisation des ODD, à travers la mise en œuvre du programme d’action mondial pour la sécurité alimentaire et la nutrition dans les petits États insulaires en développement (PEID) ».
Le Directeur général de la FAO, M. José Graziano da Silva, et le Secrétaire général du Groupe ACP, Dr P. I. Gomes, ont souligné que, selon le rapport sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde en 2019, le taux de prévalence de la faim ou de la sous-alimentation est plus élevé dans les PEID que dans le reste du monde – soit 17,5 % contre 10,7 %. Cet état des lieux démontre l’immensité du défi à relever pour réaliser l’objectif de développement durable visant à éliminer la faim dans le monde d’ici à 2030.
Le Secrétaire général du Groupe ACP a expliqué de la collaboration substantielle du Secrétariat du Groupe, établi à Bruxelles, avec la FAO dans la mise en œuvre de la « Voie à suivre de Samoa », qui constitue un cadre naturel pour l’action du Groupe ACP en faveur de la réalisation du Programme 2030, compte tenu du grand nombre de PEID parmi ses Etats membres.
En effet, trente-et-un (31) des soixante-dix-neuf (79) États membres du Groupe ACP appartiennent aux régions Caraïbes et Pacifique. À ceux-ci, s’ajoutent les six États insulaires d’Afrique situés dans le vaste espace qui s’étend entre l’Océan atlantique et l’Océan indien.
Selon Dr Gomes, le Groupe ACP a adopté une approche globale et cohérente consistant à établir un lien entre l’ODD 1 (Éliminer la pauvreté), l’ODD 2 (Faim Zéro), l’ODD 3 (Bonne santé et bien-être), l’ODD 5 (Égalité entre les sexes) et l’ODD 14 relatif à la conservation et à l’utilisation durable des océans, des mers et des ressources marines pour contribuer à la promotion de l’économie bleue. Ces activités cadrent avec le but essentiel de l’ODD 13, qui appelle à une action en faveur du climat.
Le Secrétaire général ACP a expliqué que grâce à cette approche globale, les liens entre l’alimentation, la nutrition, et les océans, les mers et les ressources marines offrent des possibilités considérables pour le développement économique, social et culturel, tout en permettant la prise en compte de la dimension environnementale afin d’assurer un développement équitable et durable.
« Nos efforts pour contribuer à accélérer les progrès dans les PEID à travers le programme d’action mondial pour la sécurité alimentaire et la nutrition ont été déployés à trois niveaux, à savoir mondial, multilatéral et transrégional, dans le cadre de la mise en œuvre de programmes cogérés avec le Fonds européen de développement (FED), et surtout en collaboration avec la FAO », a ajouté Dr Gomes.
Mettant en lumière la coopération et le dialogue politique stratégique ACP-FAO, il a fait état de certaines activités majeures mises en œuvre dans les pays ACP, notamment les PEID, au niveau multilatéral. À cet égard, le Forum ACP des petits États insulaires en développement met en œuvre, depuis 2015, un « Programme d’appui en faveur des PEID et des pays côtiers ACP » couvrant les trois domaines suivants :
le renforcement des capacités, l’appui aux initiatives locales visant à évaluer, conserver, protéger, gérer et exploiter de façon durable la biodiversité marine et terrestre, et l’instauration et le renforcement des partenariats en faveur de la durabilité environnementale. Ce programme sera mis en œuvre en faisant appel aux organisations régionales ACP, notamment le Secrétariat du Programme régional océanien de l’environnement (PROE) dans la région Pacifique.
Dans la région Caraïbes, l’Organisation des États de la Caraïbe orientale (OECO) collaborera étroitement avec des institutions telles que les universités, les instituts de recherche marine, les ONG, les institutions nationales, les communautés locales et d’autres organisations régionales.
Dans la région de l’Afrique australe et orientale, la mise en œuvre du programme incombera à l’Université de Maurice et à la Commission de l’Océan indien (COI).
En outre, l’instauration et le renforcement des partenariats en faveur de la durabilité environnementale requiert une fonction de coordination qui sera confiée à une unité de gestion des projets (UGP) établie à Bruxelles.
Parmi les autres pistes à explorer pour une action en faveur des PEID figure notamment le programme ACP relatif aux accords multilatéraux sur l’environnement (AME), qui est une initiative du Groupe ACP financée par l’Union européenne à concurrence de 25 millions d’euros. La FAO et le Programme des Nations Unies pour l’environnement en sont les partenaires de mise en œuvre au niveau mondial.
Ce programme regroupe trois pôles régionaux : Le Secrétariat de la Communauté des Caraïbes (CARICOM, pôle des Caraïbes), le Secrétariat du programme régional océanien pour l’environnement (PROE, pôle du Pacifique) et la Commission de l’Union africaine (CUA, pôle Afrique). L’objectif global du programme est de renforcer la capacité des pays ACP à mettre en œuvre les accords multilatéraux sur l’environnement, en veillant à une gestion saine des produits chimiques et à l’élimination des déchets et des pesticides périmés.
La première phase du programme était axée sur l’élimination des pesticides périmés, la gestion des pesticides et la gestion durable des parasites, ainsi que sur la mise en œuvre des AME liés aux produits chimiques et aux déchets. La deuxième phase a continué de faire fond sur la première en tenant compte des dispositions de la Convention sur la diversité biologique (CDB).
Au cours de la deuxième phase, la FAO a fourni aux pays ACP des orientations politiques et techniques concernant la prise en compte de la biodiversité dans l’agriculture. Le programme a également procédé à une analyse comparative et à la révision des stratégies et plans d’action nationaux en faveur de la biodiversité (NBSAP) ainsi que des politiques agricoles afin d’identifier les lacunes en matière d’intégration de la biodiversité dans le secteur agricole.
S’agissant de la troisième phase à venir, la composante FAO du programme visera en priorité à renforcer la prise en compte de la biodiversité et l’efficacité de la gestion des produits chimiques utilisés dans l’agriculture au niveau mondial, régional et national. Pour ce faire, il conviendra de créer un environnement politique plus propice, de renforcer les capacités pour la mise en œuvre des politiques et de favoriser des changements dans les pratiques agricoles.
Dans le document ayant constitué la trame de fond de son allocution lors de l’événement parallèle de haut niveau, Dr. Gomes a attiré l’attention sur le plan d’action de lutte contre la désertification, qui englobe deux PEID ACP (Fidji et Haïti), doté de 20 millions d’euros sur un budget total de 40 millions d’euros.
Depuis juillet 2014, le plan d’action de lutte contre la désertification, une initiative ACP mise en œuvre par la FAO et ses partenaires et financée sur les ressources du 10e FED, met l’accent sur les efforts déployés pour restaurer les zones arides et les terres dégradées dans huit pays : le Burkina Faso, l’Éthiopie, Fidji, le Niger, le Nigéria, le Sénégal, Haïti et la Gambie. Cette initiative est une démonstration pratique de la coopération Sud-Sud.
Ce plan d’action appuie la mise en œuvre de l’initiative Grande muraille verte. Les communautés locales sont au cœur des activités de restauration, l’objectif étant de faire en sorte que les terres restaurées répondent à leurs besoins en matière de fourrage et d’autres produits et services.
Des efforts sont également menés pour renforcer les capacités des techniciens et des centres de semences forestières afin de leur permettre de mobiliser des semences de qualité provenant d’espèces végétales indigènes, et de contribuer ainsi à accroître la résilience face au changement climatique.
Il convient de citer aussi le programme ACP pour la gestion durable des espèces sauvages, une initiative ACP financée par le Fonds européen de développement à hauteur de 45 millions d’euros, couvrant une période de sept ans et mis en œuvre par un consortium de partenaires dirigé par la FAO.
Ce programme vise à réduire les pratiques de chasse non durables, limiter la consommation de viande sauvage à des niveaux durables, protéger les espèces sauvages menacées, et préserver la biodiversité. En outre, il répond aux préoccupations des communautés rurales et autochtones liées à la sécurité alimentaire et à la nutrition. Trois PEID ACP (Madagascar, Guyana et Papouasie-Nouvelle-Guinée), figurent parmi les bénéficiaires des projets pilotes menés dans le cadre de cette initiative ACP impliquant plusieurs pays.
Un autre programme clé envisagé est le programme FISH4 ACP, encore appelé « la croissance bleue », une initiative ACP dotée d’un montant de 40 millions d’euros prélevés sur les ressources du 11e FED et mis en œuvre par la FAO. Ce programme jouera un rôle crucial dans l’appui au développement durable des chaînes de valeur de la pêche et de l’aquaculture dans un certain nombre de pays ACP, notamment les petits États insulaires en développement. Il devrait être lancé lors de la réunion des Ministres ACP de la Pêche prévue les 12 et 13 septembre 2019 à Apia (Samoa).
Par ailleurs, Dr Gomes a assuré que le Groupe ACP continuera de mobiliser des ressources additionnelles d’un montant de plus de 100 millions d’euros au profit des PEID et d’autres États ACP, en collaboration avec la FAO et d’autres institutions multilatérales, afin d’apporter des solutions à question de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le cadre de la réalisation de l’ODD 2.
IDN-InDepthNews – 19 juillet 2019
Photo : Des femmes au marché principal de fruits, fleurs et légumes de Port Vila, la capitale de Vanuatu. ©FAO/Zarfia Amoa