Les Ministres ACP chargés des questions relatives au sucre se sont réunis à Fidji du 14 au 17 octobre, au Shangri-La’s Fijian Resort, dans le cadre de la 13ème Conférence ministérielle ACP sur le sucre. Ils ont mis en avant la petite taille et la vulnérabilité de leurs pays respectifs, et rappelé que les personnes intervenant dans le secteur sucrier ont pour souci de préserver leurs moyens de subsistance à travers une industrie viable ainsi que des recettes prévisibles et durables.
Les Ministres ont dès lors insisté sur la nécessité impérative d'élargir les perspectives économiques, de stimuler les économies nationales et, d'une façon générale, de relever les niveaux de vie de l'ensemble des populations ACP.
Pour bon nombre des pays ACP fournisseurs, la canne à sucre n'est pas une simple culture secondaire facilement remplaçable. Elle constitue à la fois un produit de base agricole d'exportation qui occupe une place centrale dans leurs économies et une principale source de recettes pour la très grande majorité de leurs populations.
L'UE reste un marché essentiel pour les exportations de sucre de nombreux pays ACP, en dépit des difficultés majeures auxquelles les petits pays à économie vulnérable ont été confrontés ces dernières années. Dans de nombreux pays ACP, les industries sucrières ont entrepris de vastes programmes de réformes et de restructurations en vue d'assurer leur viabilité à long terme. Ces réformes sont toujours en cours de mise en œuvre, et il est indispensable que la sécurité et la cohérence des relations commerciales avec l'UE soient garanties afin de pérenniser et de développer ces initiatives, car la dernière chose dont les pays ACP ont besoin à ce stade critique, c’est d’une incertitude encore plus grande.
Les pays ACP ont été, dès lors, profondément déçus par la décision politique de l'UE de reconduire l'organisation commune du marché unique dans le secteur sucrier pour deux ans seulement, c'est-à-dire jusqu'en 2017, au lieu de 2020 comme ils l’avaient fortement préconisé avec l’appui du Parlement européen et d'autres acteurs clés. L'UE a ainsi ignoré les efforts déployés par les ACP pour la sensibiliser à l'importance capitale de l'industrie sucrière pour leurs économies et leur tissu social. La décision européenne n’a tenu compte ni de l'impact des propositions relatives à la PAC sur les intérêts commerciaux et de développement des pays ACP, ni de l'engagement spécifique de l’UE souscrit dans le Traité de Lisbonne concernant la cohérence de ses politiques. Ces principes sont pourtant réaffirmés dans l'Accord de Cotonou, les Accords de partenariat économique et l'Initiative Tout sauf les armes, et visent à protéger les petits pays à économie vulnérable.
Par ailleurs, la politique européenne consistant à accorder des concessions à de nouveaux partenaires préférentiels dans le cadre d'accords de libre-échange auront pour effet de déséquilibrer davantage le marché et d’accroître l'érosion des préférences ACP. Tout en prenant acte du fait que le programme d’appui aux mesures d'accompagnement (PAMA) a aidé les pays ACP à restructurer leurs industries sucrières, les Ministres ont toutefois souligné que le bilan des décaissements des ressources pertinentes reste mitigé, avec de très faibles taux dans certains pays. Ils ont dès lors appelé l'UE à mettre à disposition les ressources restantes, de façon à ce qu'elles ne soient pas perdues en raison de ses propres règlementations financières.
Les Ministres ont souligné en outre la nécessité d'approfondir les discussions sur les voies et moyens d'élaborer et de mettre en œuvre un programme intégré de développement des produits de base au titre du prochain cadre financier pluriannuel. Ils ont pointé l'importance de doter ce programme de ressources suffisantes provenant de l'instrument financier adéquat, et de faire en sorte qu'il profite à l'industrie sucrière en encourageant la valorisation des produits et en appuyant la formulation et la mise en œuvre de stratégies de diversification.
Les Ministres ont également mis en évidence le rôle que l'innovation et la recherche-développement peuvent jouer dans la promotion de la valeur ajoutée et de la diversification, ainsi que dans la réalisation de l'objectif global d'amélioration de la productivité et de la compétitivité. À cet égard, ils ont décidé de renouveler leur demande visant à maintenir l'appui à la recherche sucrière ACP après l'expiration, en 2013, de l’actuel Programme ACP de recherche et d'innovation sucrières doté d’un budget de 13 millions d'euros.
Les Ministres ont vivement exhorté l’UE à veiller à la cohérence de ses politiques dans les domaines du développement, de l'agriculture et du commerce, et à faire en sorte que les initiatives de développement qu'elle finance et les possibilités d'accès aux marchés qu'elle offre aux pays ACP ne soient pas compromises par des mesures prises au plan interne ou au niveau international, notamment à l'OMC.
Enfin, les Ministres ont souligné que, s’il est difficile de prédire la valeur de l'accès préférentiel au marché sucrier européen au lendemain de la suppression du régime de quotas de production, il est en revanche facile de prévoir les conséquences de la perte de cet accès, à savoir la fin des échanges commerciaux avec l'UE dans le secteur sucrier.
Yanuca Island
Sigatoka