Monsieur Carlos Zorrinho, Coprésident de l’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE,
Excellence Monsieur Le Président du Senat
Honorable Présidente de la chambre des députes
Mesdames et Messieurs les Ministres
Mesdames et Messieurs les Présidents de Parlement,
Chers collègues parlementaires, membres de l’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE,
Distingués invités, tout protocole observé,
Mesdames et Messieurs,
L’honneur m’échoit, au nom de notre co-président Mr Joseph-Hyacinthe Owona Kono empêché, de prendre la parole devant l’Assemblée parlementaire paritaire pour vous remercier de cette confiance placée en moi. Permettez-moi, avant toute chose, d’exprimer mes remerciements au Gouvernement et au Parlement de la République du Rwanda pour l’accueil, l’hospitalité généreuse et les facilités qui nous sont réservées depuis notre arrivée ici à Kigali. Le fait d’avoir accepté d’abriter les présentes assises témoigne de l’importance que le Rwanda attache au partenariat ACP-UE et à son succès.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Honorables collègues,
Neuf mois se sont écoulés depuis notre dernière session. Un bon nombre de nos collègues du Parlement européen présents à la 37e session de notre Assemblée ne sont plus parmi nous aujourd’hui, tandis que de nouveaux visages, tant du côté européen que du côté ACP, nous ont rejoints. Au nom des membres ACP de l’Assemblée et en mon nom propre, je voudrais vous féliciter pour votre élection et vous souhaiter la bienvenue au sein de l’Assemblée parlementaire paritaire. Je voudrais également adresser mes félicitations aux membres déjà bien connus dans de notre Assemblée pour leur réélection au Parlement européen. Dans ce même esprit, permettez-moi de féliciter chaleureusement mon ami Carloz Zorrinho pour son accession à la coprésidence de notre Assemblée. Je me réjouis à l’idée de pouvoir bénéficier de ses riches connaissances et expériences au moment où nous œuvrons ensemble pour faire avancer la cause de cette Assemblée.
Au cours de ces 9 derniers mois, l’hydre hideuse du terrorisme a continué de menacer nos pays, avec des attaques perpétrées notamment dans les pays du G5 Sahel. Ces actes abominables visent à semer la peur et la haine, mais nous ne devons pas permettre qu’ils divisent nos sociétés. Il nous faut réaffirmer l’urgence de mieux coopérer ensemble au niveau mondial pour éradiquer l’extrémisme violent sous toutes ses formes. De même, nous ne pouvons rester indifférents aux catastrophes naturelles qui surviennent dans certains de nos pays, comme par exemple l’ouragan Dorian qui a frappé la nation des Bahamas dans les Caraïbes en août dernier, et qui a été décrit comme le cyclone tropical le plus violent ayant jamais touché ce pays et comme la pire catastrophe naturelle de son histoire.
Une approche collective s’impose pour combattre le terrorisme et intensifier la riposte face aux phénomènes dévastateurs de la nature.
Excellences,
Honorables collègues,
C’est toujours avec beaucoup d’impatience que j’attends les sessions de l’Assemblée paritaire dans la mesure où la diversité de nos contextes politique et idéologique contribue souvent à rendre nos débats très fructueux. Il ne s’agit cependant pas d’un exercice de façade, car il reflète à mon sens un profond et réel intérêt des parties pour le développement mutuel de nos différents pays et nations. Certes, nos points de vue et approches peuvent diverger quant à la meilleure façon de remédier aux défis du développement dans les États ACP et l’Union européenne, mais cette Assemblée nous fournit l’occasion d’élargir nos perspectives concernant le développement humain, chacun de nous disposant d’une expérience pratique de ce qui peut être fait et de ce qui a été couronné de succès ailleurs. Notre Assemblée nous donne ainsi l’heureuse occasion d’échanger les bonnes pratiques d’ici et d’ailleurs.
Permettez-moi, chers collègues, de mettre un accent particulier sur le multilatéralisme. Depuis sa création dans les années 1970, notre Assemblée a principalement axé ses discussions sur les défis du développement dans les États ACP. Toutefois, au fil des années, nos défis et nos besoins au plan politique et économique ont graduellement convergé, avec la prise de conscience que bon nombre de questions ne peuvent être traitées que de façon collégiale. Nous avons exprimé notre rejet de l’approche uniforme, mais également de l’unilatéralisme et des tendances isolationnistes et protectionnistes.
Nous constatons aujourd’hui une vague d’approches unilatérales de la part de certaines superpuissances qui se sont mises en retrait de la mise en œuvre de l’agenda mondial, tout en sapant le multilatéralisme. Ce seul fait suffit à démontrer que le partenariat ACP-UE doit, plus que jamais, devenir un catalyseur du multilatéralisme.
Les problèmes mondiaux ne peuvent plus être traités de façon fragmentée. Il est donc crucial pour nous de montrer que le multilatéralisme peut répondre à nos attentes et valoriser davantage notre partenariat. À cet égard, je demeure profondément convaincu que les parlementaires peuvent se faire le chantre de l’action multilatérale en défendant les vues des populations qu’ils représentent et en veillant à ce que celles-ci soient prises en considération.
Excellences,
Honorables collègues,

L’adoption, en 2015, du Programme de développement durable à l’horizon 2030 a été sans nul doute l’un des plus grands triomphes du multilatéralisme dans l’histoire moderne. Faisant preuve d’une unité sans précédent, tous les États membres des Nations Unies sont convenus d’un programme commun et complet visant à éliminer la pauvreté extrême, réduire les inégalités et protéger la planète dans un monde caractérisé par une globalisation rapide.
Je suis heureux de constater que la plupart des questions qui nous occuperont au cours de la présente session portent plus ou moins directement sur la nécessité de réaliser le développement économique durable en faveur de nos pays. Nous devons tout mettre en œuvre pour atteindre cet objectif, sans pour autant nous emmurer dans des théories idéologiques ou éculées.
C’est pourquoi je me réjouis que le futur accord de partenariat ACP-UE soit centré sur la réalisation des objectifs de développement durable, en tenant compte de l’évolution du discours international sur le développement et des nombreuses initiatives internationales menées au cours de ces dernières années.
D’ores et déjà, des efforts sont déployés pour faire en sorte que le Groupe ACP et l’Union européenne travaillent en étroite collaboration sur la scène internationale. Cette nouvelle collaboration a été bien illustrée par la déclaration commune sur la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD) adoptée par le Groupe ACP et l’Union européenne lors du Sommet des Nations Unies sur les ODD en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies. Cette déclaration réaffirme notre engagement commun à utiliser, conformément au Programme d’Action d’Addis-Abeba, toute la palette de moyens de mise en œuvre dans l’esprit du partenariat. Elle reconnaît, à cet égard, l’importance que revêtent la mobilisation des ressources nationales, le financement du développement, l’efficacité du développement et le renforcement des partenariats existants, tels que la coopération Sud-Sud et triangulaire, y compris les partenariats multipartites, pour la mise en œuvre efficace du programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris. Par ailleurs, l’instauration de nouveaux partenariats multipartites, notamment des partenariats public-privé, est essentielle pour assurer la diversification et la transformation des économies des pays ACP et des États membres de l’UE. La déclaration rappelle en outre que dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de développement à l’horizon 2030, nous devons être guidés par nos principes communs et nos valeurs cardinales, à savoir les principes démocratiques, l’État de droit, la bonne gouvernance, le respect des droits de l’homme, l’égalité d’accès à la justice, l’égalité homme-femme, l’autonomisation des femmes et la solidarité, ainsi que notre ferme attachement à un ordre mondial fondé sur des règles, dont le multilatéralisme et les Nations Unies sont l’expression fondamentale.
La déclaration commune trace clairement la voie que nous devons suivre ensemble pour atteindre les objectifs de développement durable. Cependant, pour louable que soit une telle collaboration, il nous incombe, en tant que parlementaires, de faire en sorte que sa mise en œuvre porte des fruits au bénéfice de nos populations et favorise le développement économique et social de nos pays.
Une autre illustration de notre rôle dans le multilatéralisme est fournie par certaines des questions que nous sommes appelées à traiter, qui concernent des processus et agendas à l’échelle internationale, telles que la migration et le développement durable, la sécurité alimentaire et la nutrition et les enjeux de la prochaine COP°25 prévue à Madrid en Espagne. Dans le passé, l’Assemblée parlementaire ACP s’est penchée avec grand enthousiasme sur des questions d’importance similaire. J’ai bon espoir que nous ferons preuve de la même détermination et constance lors de l’examen des questions inscrites à notre ordre du jour
Le Groupe ACP partage la conviction que la lutte contre les défis du changement climatique est désormais une mission mondiale pour tous les pays. Dans ce contexte, le Groupe ACP compte la plupart des nations vulnérables, telles que les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, qui œuvrent ensemble pour renforcer leur résilience, soutenir la transition vers une économie à faibles émissions de carbone. Les ambitions affichées par nos États ne pourront pas être réalisées sans l’appui de la communauté internationale.

Excellences,
Honorables collègues,
Permettez-moi d’évoquer l’enjeu du moment dans l’histoire du Groupe ACP, à savoir les négociations sur l’après-Cotonou. Alors que se déroulent ces négociations, nous constatons avec le recul que notre partenariat a pris beaucoup d’ampleur, tant en ce qui concerne la diversité des questions abordées que le volume des ressources allouées à la coopération. J’estime toutefois que ce partenariat ne doit pas être évalué uniquement à l’aune des statistiques, mais également de sa contribution à la solidarité entre les peuples du Sud et du Nord.
Il vous souviendra que durant toutes nos récentes réunions, nous avons accordé une grande priorité aux discussions sur les négociations post-Cotonou, notamment sur le rôle et la place de l’Assemblée parlementaire paritaire. A cet égard, nous avons souligné la nécessité et l’importance d’une forte dimension parlementaire dans le futur accord. Je souligne dès lors que nous devons rester guidés par la ferme conviction qu’une Assemblée parlementaire paritaire au niveau tous-ACP est fondamentale pour un partenariat qui se veut au service des populations.
Je lance donc un nouvel appel à cette auguste Assemblée et à nos amis au sein du Parlement européen pour veiller à défendre à tous les niveaux le maintien de l’Assemblée parlementaire paritaire, sans perdre de vue la nécessité d’adapter nos méthodes de travail afin d’accroître l’efficacité de notre Assemblée dans son approche et ses actions, et de l’adapter à sa mission dans le monde du 21e siècle.
Excellences,
Honorables collègues,
Je voudrais conclure mon propos en rappelant qu’au terme de notre session, nous devons tous prendre l’engagement de veiller à œuvrer sans cesse, en tant que législateurs, pour renforcer notre propre efficacité et créer un environnement propice au développement, à la paix, à la justice et aux droits de l’homme dans nos pays. Il y a lieu de souligner que dans notre espace géographique collectif, cette Assemblée constitue l’expression démocratique la plus importante pour nos populations et, au regard de sa nature, la forme d’expression la plus poussée d’une alliance en faveur du multilatéralisme.
C’est donc avec la conviction de ce bel avenir de notre coopération multilatérale que Je vous remercie de votre aimable attention et je souhaite plein succès à nos travaux.