Rome, 18 juillet 2016/ APP ACP-UE: Le Bureau de l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE a effectué une mission d'étude et d'information à Rome et à Lampedusa, du 13 au 15 juillet 2016. Elle avait pour objectif d'examiner la manière dont les autorités italiennes et d’autres agences spécialisées font face à l'afflux de migrants et de réfugiés en Italie par l’île de Lampedusa, d'évaluer les conditions de vie de ces derniers, notamment le respect de leurs droits fondamentaux et les possibilités pour eux de mener une vie décente en Europe grâce au processus de relocalisation.
La mission était dirigée conjointement par M. Netty Baldeh (Gambie), Coprésident de l'APP, et Mme Michèle Rivasi, Vice-présidente de l'APP. Les autres membres étaient les suivants: M. Piernicola Pedicini (membre du Parlement européen), uniquement pour la mission à Rome, Mme Mémounatou Ibrahima (Togo) et M. Musa Naib (Érythrée).
La mission a commencé ses activités à Rome, le 13 juillet, par des rencontres avec les représentants de la ville, du gouvernement, du Parlement, ainsi que d'organisations internationales et de la société civile, comme suit: Virginia Raggi, Maire de Rome; Pia Locatelli, Présidente du sous-comité des droits de l'homme à la Chambre des députés, la chambre basse du Parlement italien; Benedetto Della Vedova, Vice-Secrétaire d'État au ministère des Affaires étrangères; Domenico Manzione, Vice-Secrétaire d'État au ministère de l'Intérieur; les représentants de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR); et les représentants des organisations non gouvernementales ARCI et Emergency.
Les 14 et 15 juillet, à Lampedusa, la délégation a eu des entretiens avec la Maire, Giusy Nicolini, et quelques citoyens de la ville. Elle s’est rendue ensuite à bord de la frégate polyvalente “Carlo Margottini” de la marine italienne, vaisseau amiral de l'opération "Safe Sea", où une séance d'information approfondie et une simulation relative aux opérations de recherche et de secours, ainsi qu’aux activités de Frontex et de l'Opération conjointe Triton ont été présentées. La mission a également visité le centre de secours et d'accueil d’urgence des migrants et des demandeurs d'asile (qui est récemment devenu un « hotspot »), ainsi que les infrastructures servant à récupérer les personnes sauvées en mer, à savoir un bateau-vedette des garde-côtes et un navire de patrouille en haute mer de la “Guardia di Finanza.”
La délégation a été informée des défis liés au phénomène de la migration irrégulière en Italie, notamment de ses aspects sociaux, politiques et sécuritaires. Compte tenu de sa situation géographique, l'Italie est devenue la porte d’entrée en Europe pour les personnes essayant d’échapper à la guerre et aux conflits, et pour ceux qui, pour des raisons économiques, quittent le Moyen-Orient et l'Afrique, mettant en grand danger leur vie et leur intégrité physique, et s’exposant à l'exploitation économique et sexuelle. La délégation a félicité les autorités italiennes, les communautés à Rome et à Lampedusa ainsi que les ONG pour leurs efforts en matière de secours, d'accueil, de relocalisation et d'intégration des migrants. La mission a été impressionnée par le professionnalisme et l'intégrité des sauveteurs de la marine, ainsi que par l'action des autorités civiles et des organisations non gouvernementales en appui aux interventions d'urgence à Lampedusa.
De toute évidence, la vague de migration actuelle constitue un enjeu complexe à plusieurs facettes, qu'il convient de traiter à différents niveaux, à court et à long terme. Une coopération internationale plus étroite entre les pays d'origine, de transit et de destination est indispensable pour s'attaquer aux facteurs politiques, sociaux et économiques de la migration irrégulière dans les pays d'origine. Il faudrait une solidarité accrue entre tous les États de l'UE, notamment à travers la révision de la Convention de Dublin pour y prévoir une répartition équitable de la charge que comportent le sauvetage, l'accueil, le traitement des demandes des migrants et des demandeurs d'asile, ainsi que la protection des droits de l'homme, la fourniture d'une assistance sociale et les politiques d'intégration.
La délégation souligne qu’il est important de ne pas laisser l'Italie, la Grèce et l'Espagne gérer seules la question des migrants, et que ceux-ci devraient pouvoir se déplacer dans le reste de l'UE, moyennant des politiques de relocalisation saines et efficaces.
La délégation exprime par ailleurs son soutien total au plan de relocalisation SPRAR de l'Italie, qui prévoit l'intégration de migrants par petits groupes dans les communautés locales, afin de faciliter leur intégration harmonieuse. A cet égard, la délégation appelle à un transfert de fonds européens au profit des communautés locales accueillant des migrants, et souligne que d'autres pays européens devraient s’inspirer de ce dispositif qui constitue un modèle de bonne pratique.
La délégation souligne la nécessité de s'attaquer de toute urgence à la question des migrants mineurs, qui peuvent tomber dans des réseaux criminels, ou être victimes de l'esclavage et d'autres types de maltraitance. La délégation souhaite également mettre l'accent sur les besoins et les vulnérabilités spécifiques des femmes et des enfants migrants, qui doivent faire l’objet d’une attention et d’une protection particulières. Il est également nécessaire d'assurer une bonne coordination entre les services, les opérations, les ressources militaires et civiles, afin d'atteindre un niveau d'efficacité opérationnelle satisfaisant. La délégation insiste sur l’importance de mettre en place des voies de migration légales et sûres, comme l'un des moyens de résoudre le problème de la migration irrégulière et de combattre la traite et le trafic des êtres humains.
Enfin, la délégation souhaite remercier les autorités italiennes de leur accueil chaleureux et de toutes les dispositions qu’elles ont prises pour faciliter les différentes visites, y compris les opérations de sauvetage en mer.
Le rapport complet de la mission sera soumis pour approbation au Bureau de l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE, avant d’être rendu public.
(Photos: Quelques membres de l’APP, menés par le Co-Président de l’APP M.Netty Baldeh et la Vice-Présidente Mme. Michèle Rivasi, parlent avec des migrants à Lampedusa; Membres de la mission, avec le maire du Rome, y compris Mme. Michèle Rivasi, MPE; Mme. Viginia Raggi, maire du Rome; M. Piernicola Pedicini, MPE; Mme. Mémounatou Ibrahima (Togo); M. Netty Baldeh (Gambie); et M. Musa Naib (Eritrée); Le Contre-amiral de la frégate Margottini de la Marine nationale italienne explique les opérations aux membres)
Vistez le site web de l’Assemblée Parlementaire Paritaire ACP-UE
– Co-Secrétariat de l’APP