Bruxelles, le 5 octobre 2017/ ACP: Les pays en développement, dont ceux du Groupe Afrique, Caraïbes et Pacifique, devraient participer aux efforts en cours visant à moderniser le financement du développement, et notamment aux discussions sur le moyen de mesurer les divers flux financiers qui entrent dans un pays aux fins du développement durable.
C’est le principal message issu d'une réunion organisé conjointement, le 26 septembre à Bruxelles, par le Groupe ACP et l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), en vue de faciliter le dialogue politique et les échanges sur les priorités stratégiques en matière de financement du développement.
Dans son discours d’ouverture, le Président du sous-comité ACP du financement du développement, S.E. M. Daniel Evina Abe’e, Ambassadeur du Cameroun, a souligné que pour réaliser les objectifs ambitieux du Programme de développement à l’horizon 2030, notamment les objectifs de développement durable (ODD), il est impératif de mobiliser des ressources d’une ampleur sans précédent.
Les financements publics se sont révélés largement insuffisants, comme il a été reconnu dans le Programme d’action d’Addis-Abeba adopté en 2015, qui appelle à la mobilisation de toutes les ressources disponibles – y compris les ressources publiques, privées, nationales et étrangères – aux fins de la réalisation des ODD.
Or, les financements au titre du développement sont aujourd’hui encore mesurés essentiellement en termes de volume d’aide, ou d'aide publique au développement (APD) accordée aux pays pauvres par les pays donateurs riches.
Toutefois, les bouleversements intervenus dans le contexte mondial ont conduit l’OCDE, une institution principalement composée de pays industrialisés à revenu élevé, à engager les premières étapes d’un processus visant à moderniser la façon dont le financement du développement est compris, mesuré et mobilisé.
« Nous assistons à un profond changement dans le domaine du développement, comme en témoignent les nouvelles tendances en matière de financement du développement », a déclaré M. Jorge Moreira Da Silva, Directeur de la coopération au développement de l’OCDE, lors de la réunion conjointe.
Il a cité à cet égard plusieurs exemples, notamment: l’émergence de nouvelles sources de financement et d’un nombre croissant de bailleurs de fonds sur la scène du développement international ; l'augmentation du nombre de pays à la fois donateurs et bénéficiaires de l’aide au développement ; le fait que près de 30 pays ne bénéficieront plus de l’APD d’ici 15 ans ; le rôle plus important du mécénat et du secteur financier dans la promotion du Programme de développement à l’horizon 2030 ; et, enfin, les nombreuses opportunités commerciales découlant de la mise en œuvre des ODD, qui devraient représenter douze mille milliards de dollars US d’ici à 2030.
Le cadre, les instruments et la mesure du financement du développement doivent dès lors être adaptés en conséquence.
Une nouvelle mesure plus pertinente?
Au cours de la réunion, il a été souligné que même si l’APD reste indispensable pour combler les déficits de financement les plus importants, et représente jusqu'à 70% des financements extérieurs en faveur des pays les moins avancés (PMA), les ressources considérables requises pour financer le Programme de développement à l’horizon 2030 devront provenir en grande partie d’autres sources, telles que les recettes fiscales et les investissements privés.
Afin de mieux prendre en compte cette nouvelle donne, l’OCDE a proposé un nouvel indicateur pour le suivi des financements en faveur du développement, appelé « Soutien public total au développement durable » (TOSSD).
Le TOSSD mesure les « financements extérieurs », c’est-à-dire tous les flux de fonds publics dont un pays bénéficie au titre de son développement ou pour faire face à des défis mondiaux. Il recouvre une vaste gamme de sources, dont des institutions et organismes bilatéraux et multilatéraux, des banques et des facilités d’investissement, ainsi qu’un certain nombre d’organisations de la société civile.
Le premier rapport relatif aux flux de TOSSD devrait être publié en 2018. Les données ainsi collectées seront analysées à temps pour l’établissement par les Nations Unies du bilan 2019 de la mise en œuvre des ODD.
Le rôle du Groupe ACP
En dépit des progrès réalisés, l’accent a été mis sur la nécessité d’une participation accrue
des pays en développement à
l'élaboration de mesures et d’outils applicables à l’échelle mondiale.
« Il est important que les pays ACP soient associés aux discussions visant à identifier une mesure des flux financiers acceptée par tous », a souligné M. Klaus Rudischhauser, Directeur général adjoint du développement international et de la coopération à la Commission européenne.
M. Rudischhauser a relevé par ailleurs l’absence d’un vaste débat sur les questions relatives au financement du développement, et affirmé qu'il convient de ne pas sous-estimer les « changements de paradigme » majeurs énoncés dans le Programme d’action d’Addis-Abeba.
Il a également encouragé les pays ACP à profiter des prochaines négociations sur le renouvellement du partenariat entre le Groupe ACP et l’Europe pour aborder ces questions. L’Accord de partenariat ACP-UE de Cotonou actuellement en vigueur – dont l'un des principaux piliers est la coopération au développement – arrive à expiration en 2020, et les négociations sur le prochain accord s’ouvriront l’année prochaine. Au titre du partenariat de Cotonou, l’UE a accordé aux pays ACP, par le biais du Fonds européen de développement, une aide de plus 30 milliards d’euros pour la période 2014-2020, tandis que les échanges commerciaux ACP-UE ont représenté plus de 146 milliards d’euros en 2016.
Le Sous-secrétaire général ACP, M. Henrique Banze, a exprimé son appui sans réserve à la participation du Groupe ACP à un processus de réforme des mesures et instruments de financement du développement, en collaboration avec ses partenaires.
Outre les questions relatives à cette réforme, la réunion ACP-OCDE s’est également penchée sur les enjeux du financement du développement dans les pays ACP à revenu intermédiaire et la coopération internationale en matière fiscale. Les participants ont pu identifier des pistes de réflexion et de discussions politiques sur les profondes préoccupations des pays ACP liées aux défis actuels du financement du développement. Cet événement a rassemblé des ambassadeurs et représentants de pays ACP, les représentants des partenaires au développement international, dont la Commission européenne, l’OCDE, la Banque mondiale et le PNUD, ainsi que des groupes de réflexion (South Center), et de la société civile (CONCORD, EURODAD).
(Photos, en partant du haut: S.E. M. Daniel Evina Abe'e, Ambassadeur du Cameroun et Président du sous-comité ACP de développement durable ; M. Henrique Banze, Sous-secrétaire général ACP chargé du département Macroéconomie, Financement du développement et Programmation intra-ACP ; M. Jorges Moreira Da Silva, Directeur de la coopération au développement à l’OCDE, et M. Klaus Rudischhauser, Directeur général adjoint de la coopération internationale au développement, orateurs invités ; participants à la réunion.)
– Service Presse ACP