Bruxelles, 19 Fevrier 2016/ GCCA/ ACP: Sur l’îlot de Kokota, ce qui avait commencé comme une initiative de replantation progressive, pour ainsi dire graine par graine, s’est transformé en un programme d’actions en expansion continue qui comprend la réalisation de films de sensibilisation, la construction d’infrastructures et le partage de connaissances parmi les communautés éparpillées sur tout l’archipel de Zanzibar, dans l’océan Indien.

Pemba est l’un des trois projets pilotes d’écovillages sélectionnés par l’AMCC. Ces projets possèdent différents types d’écosystèmes jugés particulièrement vulnérables au changement climatique.

Prochainement, une série de films de sensibilisation et un documentaire intitulé «Kokota: îlot d’espoir» seront diffusés, avec le soutien financier du Programme intra-ACP de l’AMCC+.
Montrant comment les habitants d’une poignée de petites îles tanzaniennes ont compris que le changement climatique ne ferait qu’aggraver la diminution des prises de pêche, les pénuries d’eau et comment ils ont décidé de s’adapter à cette nouvelle réalité, ces films aideront à diffuser le message de l’adaptation sur l’île, dans le pays et sur l’ensemble du continent.
Le projet en question a été mis en œuvre sur l'île de Pemba par l'ONG locale Forêts communautaires de Pemba (CFP), en collaboration avec les autorités gouvernementales de Zanzibar.
L’économie de la Tanzanie dépend beaucoup des secteurs affectés par la variabilité et le changement climatique, notamment l’agriculture. La variabilité climatique actuelle est déjà responsable de dommages considérables. Selon les estimations, le changement climatique se traduira à l’avenir par d’important coûts économiques supplémentaires, qui pourraient atteindre de 1 à 2 % du PIB par an d’ici à 2030.
En prenant elle-même les choses en main, la communauté est devenue un exemple à suivre pour les autres zones vulnérables.
Le documentaire commandé par le Programme intra-ACP décrit la situation lamentable d’il y a seulement trois ou quatre ans, lorsque l’environnement local subissait de lourdes pressions. La croissance de la population menaçait de plus en plus les terres, les forêts et la biodiversité. La couche arable s’était appauvrie. Il devenait presque impossible de faire pousser des cultures vivrières. Qui plus est, les stocks de poisson accusaient aussi une grave déplétion.
Agir pour s'adapter
Les efforts des habitants soutenus par des aides extérieures, notamment un financement de l’AMCC, ont fait naître l’espoir d’un avenir meilleur malgré les effets du changement climatique. Les Forêts communautaires de Pemba ont montré combien il importait de travailler ensemble, de communiquer efficacement et de fixer des objectifs réalistes.
«Kokota n’est pas le genre d’endroit où l’on s’attend à trouver des gens qui agissent pour s’adapter au changement climatique, mais c’est pourtant exactement ce qu’ils font», dit-on dans Kokota: îlot d’espoir, un film réalisé pour raconter l’histoire d’une communauté insulaire, Kokota, qui a su relever le défi du changement climatique.
Avec la croissance de la population sur l’île, la pression s’est intensifiée sur les terres, les forêts et la biodiversité. L’appauvrissement de la couche arable, les pénuries d’eau et l’érosion rendaient les cultures vivrières presque impossibles. Parallèlement, les stocks de poisson diminuaient fortement ou «tombaient en faillite», selon la description d’un villageois.
C’est vers cette période que Kokota a reçu la visite de Mbarouk Mussa Omar, de Pemba, un îlot voisin. Choqué par l’état de Kokota, il voyait là un avertissement montrant que sa propre communauté était vouée à connaître le même sort funeste si elle ne réagissait pas sur-le-champ. Une fois les membres de sa communauté gagnés à sa cause, ils ont – ensemble – déterminé les problèmes à résoudre en priorité: l’eau et les forêts.
Mbarouk a tout commencé avec une petite pépinière, créée et gérée «à coups de sourires et de poignées de main», raconte Jeff Schnurr, un jeune Canadien qui, découvrant la situation critique de l’île, a mis là à profit son expertise en matière de plantation d’arbres. Des mois de dur labeur ont été nécessaires pour accroître l’échelle du projet. Mbarouk centrait ses efforts sur l’engagement local tandis que Jeff recherchait des soutiens au niveau international.
La dame de Pemba
Ces soutiens sont arrivés sous la forme d’un don de l’ambassade de Finlande, d'un investissement de l’AMCC et d’autres contributions. Jeff a même convaincu ses collègues planteurs d’arbres du Canada de faire don d'un jour de salaire à la cause «La dame de Pemba», dont le nom évoque l’outil utilisé pour damer ou compacter le sol autour des jeunes arbres qui viennent d’être plantés.
«Heureusement, les habitants de Kokota ont décidé de réagir avant de causer leur propre destruction», se réjouit Mbarouk dans le film. Grâce au travail de son ONG, Forêt communautaire de Pemba, et à des aides financières apportées à temps, ils reconstruisent ce qu'ils ont détruit et se sont mis à utiliser les ressources naturelles de façon plus rationnelle.
Des efforts fructueux pour économiser et recueillir davantage d’eau ont permis d’étendre le programme de reboisement. Aujourd’hui, environ la moitié de la superficie de Kokota est réservée au reboisement: «C’est un exemple à suivre, une référence pour le monde… Kokota revit», commente Mbarouk.
Jeff, qui a créé, sous le nom de Community Forests International, une ONG sœur de celle de Mbarouk, souligne l’importance de la mise à l’échelle des projets d’une façon naturelle et réaliste: «Nous n’avons pas planté 1,3 million d’arbres du jour au lendemain», précise-t-il, «mais progressivement, pour ainsi dire graine par graine».
L’éducation, la technologie et les infrastructures pour aborder l’avenir
Les premiers succès récoltés sur les îles – renforcés par de nouvelles écoles et des programmes de sensibilisation – ont encouragé les villageois à relever d’autres défis, notamment en rapport avec la santé, les infrastructures et l’électricité.
Par ailleurs, une série de films de sensibilisation en cours de réalisation a pour but de faire connaître les bonnes pratiques en matière de préservation des terres, d’agroforesterie, de jardins potagers, d’établissement de pépinières et d’apiculture. On y montre même comment construire des foyers en argile et des logements solides à l’aide de blocs de terre.
«L’adoption des foyers en argile a déjà eu un impact énorme», explique Craig Norris, le réalisateur qui a passé plus de deux mois à se documenter sur les efforts des insulaires tanzaniens qui travaillent pour récupérer leurs ressources naturelles. «Ces foyers étant deux fois plus efficients que les feux ouverts, il faut couper moins d’arbres pour les alimenter. De plus, cela permet aux programmes de replantation de prendre racine», ajoute-t-il.
À l’instar de nombreuses autres communautés d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, les villageois d’ici exploitent les technologies mobiles et les innovations énergétiques pour faire du «saute-mouton» en évitant la nécessité d'installations plus coûteuses. Le courant électrique est produit par une mini-centrale spécialement conçue avec laquelle les habitants rechargent une batterie de moto, qu’ils emportent ensuite pour avoir un peu d’électricité à la maison. Cette petite innovation a également d’autres retombées bénéfiques sur la scolarisation car les enfants peuvent par ce moyen réviser le soir les matières apprises à la nouvelle école.
Les vidéos de sensibilisation elles-mêmes bénéficient d'une technologie «saute-mouton»: le Bluetooth, qui permet aux villageois de diffuser les films de téléphone à téléphone même sans accès à internet. «De petites innovations de ce type produisent des effets énormes sur la vie quotidienne de ces communautés insulaires. Des effets indéniables qui sont source d’inspiration», fait observer Craig.
– Avec la permission de L'AMCC+
***
A propos du Programme AMCC Intra – ACP
Le programme intra-ACP AMCC soutient les Etats membres du Groupe ACP pour lutter contre le changement climatique qui est un obstacle à leur développement. Nous travaillons pour atteindre cet objectif en offrant une assistance technique , la promotion du partage des connaissances , amorcer le dialogue régional, et de faciliter le partenariat régional sur les questions de changement climatique.
Plusieurs acteurs collaborent pour mettre en œuvre le programme AMCC intra-ACP. Cette collaboration comprend une assistance technique à l'équipe du Secrétariat ACP, qui facilite le dialogue , le partage des connaissances et l'accès à l'assistance technique ;A travers la composante “Instrument d’aide au climat" (IAC),l'alliance mondiale contre le changement climatique rend le financement possible pour l'assistance technique ; et les partenaires régionaux qui, en partie pris en charge par le programme , réalisent des projets et des programmes liés au changement climatique.L'équipe d'assistance technique se trouve au Secrétariat ACP à Bruxelles , en Belgique, et les partenaires régionaux sont situés dans leurs régions ACP respectives.