Bruxelles, le 15 août 2013/ ACP: Selon les spécialistes, la création d'une grande banque de commerce et d'investissement au service des 79 États membres du Groupe ACP permettrait de réduire les déficits de financement dans les pays ACP, qui se chiffrent à plus de 400 milliards USD.

Une étude de marché financée par l'UE révèle en effet que ce projet est non seulement viable, mais également apte à stimuler la croissance économique en aidant les entreprises locales à obtenir des financements dans quatre domaines essentiels, à savoir les infrastructures, le commerce, les PMME (petites, moyennes et microentreprises) et les grands projets industriels.

Le Secrétariat ACP est en train de recueillir les avis des parties prenantes sur les conclusions de l'étude, y compris les deux autres options pour un "mécanisme de financement", à savoir une société d'investissement ACP ou un mécanisme de renforcement des capacités des institutions régionales existantes.

"Les conclusions de l'étude ne sont pas vraiment surprenantes. En effet, les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique ont un énorme potentiel de croissance, et certains avancent même déjà à pas de géant. Un financement adéquat leur sera toutefois nécessaire pour maintenir cet élan. Afin d'exploiter pleinement ce potentiel, les pays ACP doivent dynamiser leurs citoyens et leurs secteurs privés, et leur donner les moyens de travailler avec efficacité", a déclaré Dr Obadiah Mailafia, Chef de cabinet du Secrétaire général ACP et ancien gouverneur adjoint de la Banque centrale du Nigéria, qui coordonne le projet de banque ACP.

"Le Groupe ACP compte 79 nations d’une population totale de 932 millions de personnes. L'institution que nous voulons créer devra être une entité de financement d'envergure mondiale, dotée de compétences de pointe et ancrée dans une vision d'excellence. Nous invitons les partenaires internationaux de développement et les pays émergents excédentaires à investir dans ce projet qui peut contribuer à changer fondamentalement les vies de près d'un milliard de personnes.

Il ressort du rapport de faisabilité qu'en dépit des généreux financements accordés par des institutions internationales, régionales et nationales comme la Banque mondiale, ou les banques nationales de développement, "les variations au niveau des facteurs clés de réussite … ne leur ont pas permis de lancer, de développer et de financer des programmes et des projets de nature à influer de façon déterminante sur la réalisation des objectifs en termes de développement industriel, de démarrage et de croissance solides, et de performance des exportations à travers la zone ACP."

En fait, rien qu'en Afrique sub-saharienne, les déficits de financement sont estimés à 200 milliards USD pour les PME et 225 milliards USD pour le commerce, auxquels s'ajoutent les 20 à 40 milliards USD pour les infrastructures et les 22 milliards USD pour les grands projets industriels dans les secteurs du gaz, des mines, de la manufacture, de l'agroalimentaire et des services.

Dans les Caraïbes, où pratiquement aucune banque, locale ou étrangère, ne prend en charge les besoins financiers des petites entreprises, les déficits de financement concernent essentiellement les PMME et les grands projets. Dans le Pacifique, bien que les besoins des PMME soient déjà couverts par d'autres mécanismes, la région manque encore des financements nécessaires pour réaliser pleinement le potentiel des projets à grande échelle dans les domaines du tourisme, des mines et du pétrole, de la pêche et de l'agriculture, et de l'exploitation minière sous-marine, un secteur en émergence.

"La Banque ACP, ou tout autre structure similaire qui sera mise en place, devra disposer de ses propres capacités et compétence adaptées aux situations économiques et financières des pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. Ces capacités et compétences peuvent être spécifiques, en fonction des niveaux de développement, de la culture d'entreprise, des besoins locaux et des attentes… Pour les États membres et leurs secteurs privés, les services proposés peuvent aller de la conception de projets à la mise à disposition de lignes de crédit à des taux compétitifs pour le financement des activités commerciales, en passant par le co-investissement, les services consultatifs et la promotion du financement des PMME," a ajouté Dr Mailafia.

Ce projet permettra par ailleurs d'appuyer des projets régionaux, en mettant un accent prononcé sur la promotion de l'intégration régionale entre les pays ACP.

L'étude rappelle toutefois qu'un appui politique à un niveau élevé, y compris à celui des Chefs d'Etat, sera indispensable pour la mise en œuvre du projet, notamment pour la mobilisation du capital initial de 2 milliards USD. Il faudra également recruter un personnel hautement qualifié pour gérer cette banque qui servira 80 pays répartis sur 3 continents. Par ailleurs, la banque devra être évaluée dans un délai de 5 à 7 ans, et la période de mise en œuvre devra être de 2 ans minimum. Les deux autres options proposées nécessiteraient par contre un délai et un budget moins importants.

Des responsables et spécialistes ACP se pencheront sur ces questions au cours des prochains mois, puis feront des recommandations au Conseil des ministres. En attendant, les parties intéressées sont invitées à télécharger une copie du résumé de l'étude, et à soumettre leurs questions ou réactions au plus tard le 16 septembre 2013 à:

Dr Obadiah Mailafia
Chef de cabinet et coordonnateur du projet de banque ACP
Avenue Georges Henri 451
1200 Bruxelles
Courriel: mailafia@acp.int

(Photo: Dr Obabiah Mailafia, ancien gouverneur adjoint de la Banque centrale du Nigéria et coordonnateur du projet sur le mécanisme de financement ACP)

– Presse ACP