Bruxelles, 15 février 2016/ ACP: Le Secrétaire général du Groupe des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, Dr Gomes, participera à la 27e réunion intersessions de la Conférence des chefs d'État et de gouvernement de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), prévue les 16 et 17 février à Belize, afin de faciliter une discussion sur l'avenir du Groupe. Dr Gomes s'est entretenu avec le service de presse du Secrétariat ACP sur les objectifs de sa mission à Belize et les questions qui seront abordées avec les dirigeants du CARICOM.
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Presse ACP: M. le Secrétaire général, vous participerez cette semaine à la réunion intersessions des chefs de gouvernement des Caraïbes. Dans quel objectif?
Secrétaire général ACP, S.E. Dr Patrick Gomes: Ma participation à cette réunion vise à faciliter le débat sur l'un des points qui seront examinés par les chefs de gouvernement, à savoir l'avenir des relations ACP-UE, dans le cadre du 8e Sommet des chefs d'État et de gouvernement ACP prévu les 31 mai et 1er juin 2016 en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Dans quelle mesure le 8e Sommet représente-t-il un intérêt particulier pour la région Caraïbes?
SG: Je voudrais préciser que le Groupe ACP trouve son fondement dans l'Accord de Georgetown. Georgetown qui est, bien entendu, la capitale de Guyana. En outre, les dirigeants qui ont participé à la création du Groupe ACP étaient originaires des Caraïbes. Dès lors, cette réunion offre une occasion exceptionnelle pour tracer l'avenir que nous envisageons pour un Groupe ACP transformé, non seulement en examinant la manière dont nous pouvons reformuler notre engagement à demeurer unis et à préserver la solidarité qui a permis de fédérer nos forces pour faire face à des problèmes communs en tant que pays en développement, mais aussi en identifiant le type de relation que nous devons établir et entretenir avec l'Union européenne, compte tenu du contexte actuel très différent de celui qui prévalait lors de l'instauration du premier partenariat [ACP-UE] au titre de la Convention de Lomé en 1975.
Quel niveau de participation attendez-vous pour le 8e Sommet?
SG: J'espère que la participation sera forte. Dans un certain sens, les dirigeants des Caraïbes partagent un sentiment de responsabilité, car c'était le tour de la région d'abriter ce 8e Sommet. Prévu pour se tenir dans un pays de la région, il a ensuite été attribué au Pacifique – alors je reste convaincu que l'engagement des Caraïbes reste intact. Par ailleurs, les thématiques à examiner et la date du Sommet revêtent une importance capitale, compte tenu notamment de l'attachement que les dirigeants des Caraïbes ont montré pour les objectifs de développement durable lors du Sommet des Nations Unies, et plus récemment lors de la COP 21.
Étant donné que la région Caraïbes est majoritairement composée de petits États insulaires et d’États côtiers de faible altitude, nous voulons identifier les voies et moyens de combiner nos efforts pour faire face aux implications mais aussi à la mise en œuvre des initiatives liées à la COP 21, et établir également dans quelle mesure la planification dans nos pays peut tirer avantage de la prise en compte des objectifs de développement durable. D’où le thème retenu pour le Sommet, à savoir : « Repositionner le Groupe ACP pour faire face aux défis du développement durable ».
Dans quelle mesure la région Caraïbes devrait-elle se préoccuper de l'avenir des relations ACP-UE et du Groupe ACP?
SG: Il est absolument important que la région Caraïbes et ses gouvernements prennent au sérieux la question de l'avenir de ces relations, car il existe un réel risque que nous soyons fragmentés, à l'image de ce qui s'est passé avec les accords de partenariat économique [entre l'UE et les régions ACP], où la régionalisation a été privilégiée. Une telle éventualité réduirait la possibilité pour les 79 pays membres du Groupe de parler d'une même voix et de faire preuve de solidarité sur des questions cruciales touchant le commerce, le dialogue politique et la gouvernance à l'échelle mondiale. Sans oublier la coopération au développement, que nous devons aborder avec une plus grande ouverture d'esprit.
Il n'est nullement question, à l'heure actuelle, de s'inquiéter au sujet de l'aide à recevoir, mais plutôt de savoir comment le financement du développement peut appuyer et favoriser la réalisation des objectifs fixés par la société, étant entendu que les buts visés par les pays des Caraïbes s'inscriront dans le cadre plus général des objectifs de développement durable, [notamment en ce qui concerne] la sécurité alimentaire, la sécurité nutritionnelle et les questions liées à l'énergie. En outre, nous souhaitons que le commerce soit davantage utilisé comme un instrument permettant de transformer nos économies. Il convient également de se pencher sur les contraintes liées à l'offre. Nous réussirons mieux à réaliser ces objectifs en stimulant l'échange d'expériences entre pays du Sud et en faisant en sorte d'adopter une approche commune face aux nouveaux règlements mis en place sur les marchés des pays développés. Qu'il s'agisse du règlement relatif à la pêche illicite ou des questions liées aux normes désormais en vigueur, une approche beaucoup plus unifiée et cohérente s'avère indispensable.
Quels avantages les pays des Caraïbes tirent-ils de leur appartenance au Groupe ACP, et comment la région pourra-t-elle travailler en étroite collaboration avec le Groupe?
SG: Le maintien de leur adhésion au Groupe ACP et la participation efficace à ses activités revêtent une importance cruciale pour les Caraïbes, comme j’ai essayé de l’expliquer, dans la mesure où cela nous permet non seulement de comprendre le marché, mais également de cerner les questions mondiales que nous pouvons mieux traiter en faisant front uni.
Bien évidemment, au titre de la coopération au développement, le Fonds européen de développement, qui constitue un aspect fondamental de notre partenariat avec l'Europe, est un moyen de mobiliser l'aide au développement pour remédier aux principales préoccupations de nos pays. La prévisibilité de ces financements s'est accrue de façon sensible, ce qui nous permet d'envisager plus efficacement des plans à long terme dans nos régions respectives.
Ce que nous devons faire à présent, c'est d'engager des discussions avec l'Europe afin de mieux faire valoir les préoccupations des pays à revenu intermédiaire. Contrairement à la majorité des pays africains qui sont classés dans la catégorie des "pays les moins avancés", nous sommes des pays à revenu intermédiaire et, pour cette raison, nous devons étudier le moyen de mobiliser des ressources nationales avec l’aide de nos partenaires. En fait, il s'agit pour nous de pouvoir tirer parti des programmes concernant l'accès à la technologie, l'enseignement supérieur et la recherche, ainsi que l'innovation. Nous pouvons atteindre cet objectif avec le concours de l'Europe et à travers un accord contractuel juridiquement contraignant [tel que l'Accord de partenariat ACP-UE], qui ne stipulera pas simplement notre volonté de travailler ensemble, mais ouvrira pour nous de réelles perspectives.
Plus important encore, ma participation à cette réunion sera véritablement l'occasion de prendre connaissance des objectifs et des préoccupations des chefs d'État et de gouvernement [des Caraïbes], mais aussi de m'enquérir du rôle plus efficace que la région elle-même souhaite pour le Groupe ACP. Comme vous le savez, [au titre du partenariat ACP-UE] des "programmes indicatifs nationaux" ont été mis en place, et en ce qui concerne les Caraïbes, les ressources consacrées à ces programmes ont été considérablement réduites à cause du statut de "revenu intermédiaire" dont jouissent les économies de la région. Cela dit, il existe aussi des "programmes indicatifs régionaux", qui, dans le cadre du FED, doivent être complétés par des activités au niveau intra-ACP.
C'est la raison pour laquelle la région Caraïbes doit jouer un rôle beaucoup plus important sur certaines questions au niveau intra-ACP, telles que le renforcement des systèmes sanitaires, mais aussi travailler à mettre en place en coopération avec d'autres pays, une approche intégrée des produits de base afin d’accroître leur valeur ajoutée.
Service de presse ACP